Accueil > Français > Ressources > Répertoire des thèses > Répertoire des thèses publiées sur l’Asie du Sud-Est en 2021

Bouddhisme, corps et machines : les sound systems de Phetchabun, Thaïlande (2016-2019)

 

Auteur : Prouteau, Pierre
Sous la direction de : Sabine Trebinjac et Dana Rappoport
Université Paris 10
Langue française Texte français

Mots clés : Ethnomusicologie, Thaïlande, Sound system, Bouddhisme, Thaïlande, Ethnomusicologie, Molam, Musique populaire, Musique amplifiée — Aspect social, Rites et cérémonies, Musique traditionnelle, Religion.

 

Lire la thèse.

 

Résumé
Cette thèse étudie les sound systems à Phetchabun, province à la lisière des régions du Nord, du Centre et du Nord-Est de la Thaïlande. L’usage du sound system, dispositif électro-acoustique mobilisant des registres extrêmes du son et des effets sonores (réverbération, écho, distorsion, ubiquité), y est généralisé. Il est utilisé au quotidien et dans les rituels locaux pour diffuser aussi fort que possible des contenus divers afin d’être entendu par un maximum de personnes. En étudiant la perception, la variété des dispositifs – musicaux, liturgiques, audiophiles mais aussi rituels et étatiques – la thèse illustre les fonctions du sound system. Pourquoi l’utiliser ? Qu’a changé son incorporation et sa généralisation dans le monde sonore de Phetchabun et de Thaïlande ? Pour y répondre, les outils de l’ethnomusicologie, de l’anthropologie de la musique et du son ainsi que les méthodes de l’anthropologie du bouddhisme et du rituel sont mises à profit. Si le sound system transforme, sa généralisation traduit aussi sa pertinence au sein de l’univers sonore qui l’accueille. Il s’intègre ainsi dans une conception vernaculaire des médias et du son lui préexistant, qui privilégie une logique de propagation dite « maximaliste » – plus il y en a, mieux c’est, plus c’est fort, mieux c’est. Par cette logique, le sound system renferme la possibilité, non seulement d’immerger l’individu dans le son, mais de le dissoudre dans le groupe : il étend la communauté à la mesure de son irradiation sonore. L’État fait usage de cette fonction à travers un « corps sonore » national, créé par un réseau de sound systems coordonné sur l’ensemble du territoire. La puissance sonore est donc aussi proportionnelle au statut social de l’utilisateur. D’autres ressorts peuvent être décelés lorsque des espaces et temporalités mythiques sont recréés ou lorsque des formes archétypales et vibratoires comme le mandala sont manifestées par le son. Une quête du « son ultime » se dessine alors à laquelle s’adonnent toutes les classes sociales grâce aux sound systems.