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Re-politiser le transnationalisme : les femmes migrantes et les politiques migrantes entre l’Indonésie, la Malaisie et Singapour

(Projet de recherche de Loïs BASTIDE, chercheur statutaire à l’IRASEC)

 

En Asie du Sud-Est, des millions de travailleurs étrangers originaires de la région (Philippines, Indonésie, Myanmar, Vietnam, Cambodge) occupent les strates inférieures des marchés du travail nationaux en Malaisie, en Thaïlande ou à Singapour. Ce système de travail transnational joue un rôle économique structurant au sein de l’ASEAN, tant dans les pays de destination que dans les pays exportateurs de main-d’œuvre. Ces migrations ont également un impact social et politique profond dans la région. Le projet de recherche vise à étudier la dimension politique de ces mobilités contemporaines à travers le cas empirique des femmes migrantes indonésiennes - l’Indonésie étant l’un des principaux pays exportateurs de main-d’œuvre régionale en termes absolus. Avec des travaux de terrain situés à Singapour, en Indonésie et en Malaisie, nous avons l’intention de saisir ce processus politique à trois échelles différentes :

  • Premièrement, au niveau de l’individu, la migration entraîne des processus de subjectivation politique et le développement de nouvelles pratiques, souvent subversives des ordres sociaux dominants, dans les pays d’origine comme dans les pays de destination.
  • Deuxièmement, la subjectivation politique fait place à l’articulation de nouvelles revendications, basées sur les expériences migratoires. Ces revendications sont souvent rendues publiques par le biais de mobilisations collectives locales, nationales ou transnationales, avec l’aide d’un ensemble d’acteurs institutionnels plus légitimes, tels que des ONG, des organisations internationales, des syndicats de travailleurs ou des partis politiques.
  • Troisièmement, ces mobilisations structurent de nouvelles "arènes publiques" à l’échelle locale, nationale et transnationale, où la société civile, les autorités publiques et les travailleurs migrants interagissent, autour de la question de la migration transnationale de travail.

En examinant ces trois « couches » différentes, nous étudions la dimension politique des migrations régionales de main-d’œuvre comme un processus situé d’altération réciproque entre (1) les processus de subjectivation et les pratiques émergentes des migrants ; (2) les mobilisations collectives portées par des coalitions d’acteurs - travailleurs migrants, parfois de nationalités différentes, agences gouvernementales, ONG, partis politiques, syndicats, OI, etc. ; (3) les espaces publics ; et (4) l’élaboration des politiques.