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ANR URBALTOUR

URBanisations subALternes dans les montagnes TOURistique du Sud et du Sud-Est asiatiques

Dalat (photo d'Emmanuelle PEYVEL)Alors que plus de la moitié de la population asiatique vit dans une petite ou moyenne ville, celles-ci restent peu étudiées, surtout par rapport aux métropoles. URBALTOUR entend combler cette lacune en analysant les convergences entre logiques urbaines et touristiques en montagne, à partir des stations d’altitude fondées à l’époque coloniale en Inde, au Sri Lanka, au Vietnam, en Indonésie et en Malaisie. Construites historiquement comme de véritables fronts pionniers, elles continuent de jouer un rôle central dans l’avancée de sociétés urbaines mondialisées en montagne. Souvent, leur population résidente à l’année a augmenté, leur économie s’est diversifiée, et leur fréquentation touristique est désormais largement assurée par une clientèle domestique. En outre, les effets combinés du COVID et du réchauffement climatique renforcent actuellement leur fréquentation : renouant avec leur fonction sanitaire historique, elles font figure de lieux-refuges à la chaleur des villes et aux épidémies qui les frappent.

Cette interdépendance entre tourisme et urbanisation dans des espaces aussi vulnérables que les montagnes pose d’évidents problèmes de durabilité, à la fois environnementale, sociale et économique, en témoignent l’exploitation accrue des ressources naturelles à des fins marchandes, la pollution qui accompagne l’artificialisation des espaces et les tensions inter-ethniques entre acteurs locaux dans le partage des richesses. L’approche intersectionnelle des inégalités d’accès à la ressource touristique développée par URBALTOUR permettra d’évaluer les disparités et discriminations à l’œuvre pour faire émerger des alternatives dans un objectif de durabilité. Ce faisant, URBALTOUR contribue pleinement à l’axe scientifique « Sociétés urbaines, territoires, constructions et mobilités », et plus spécifiquement au champ 1, les territoires de la ville, où il alimente les questionnements relatifs à la croissance, à la morphologie et l’aménagement urbain, aux usages urbains par la mobilité touristique, à la gouvernance et à la mobilisation citoyenne, ainsi qu’à la gestion et à la réhabilitation du patrimoine.

Pour cela, URBALTOUR pose 2 hypothèses : 1/ Le tourisme véhicule de nouveaux modèles urbains, qu’il s’agisse de moyens de transports, d’architectures, d’extensions urbaines ou de modes de gestion. 2/ Le tourisme contribue à de profondes restructurations des systèmes d’acteurs en montagne, induisant des modes de gouvernance renouvelés et justifiant des formes de violence dans la production urbaine.

La méthodologie du projet est hybride, combinant méthodes quantitatives et qualitatives. A l’échelle macro, il s’agit de dresser un inventaire des stations d’altitude et de mesurer les liens entretenus entre tourisme et urbanisation en alimentant un SIG. A l’échelle micro, une méthodologie comparée permettra l’étude approfondie de 6 terrains, choisis pour leur représentativité selon 4 axes comparatifs : a/Les outils de la production urbaine par et pour le tourisme, b/L’utilisation distinctive du patrimoine colonial, c/L’appropriation de la montagne par des sites touristiques panoptiques, d/Une ethnographie digitale des pratiques urbaines et touristiques à partir des réseaux sociaux.

En couvrant de façon transversale les 3 plus grands empires coloniaux européens, le caractère inédit d’URBALTOUR est double : il alimente théoriquement le concept d’urbanisation subalterne depuis des terrains négligés, participant ainsi à une nouvelle épistémologie de l’urbain, et il se concentre sur les flux touristiques domestiques, et non internationaux, participant à une entreprise de décentrement des savoirs dans une perspective postcoloniale.

Enfin, le projet URBALTOUR relève d’un renforcement des collaborations inter-UMIFRE entre l’Institut de Recherche sur l’Asie du Sud-Est Contemporain (IRASEC), pour la partie vietnamienne, malaisienne et indonésienne et l’Institut Français de Pondichéry (IFP) pour la partie indienne et sri-lankaise du projet.

 

Voir le site de l’ANR / Voir le blog Hypotheses

 

Coordination du projet : Emmanuelle PEYVEL

Partenaires :

  • IRASEC Institut de Recherche sur l’Asie du Sud-est Contemporaine
  • IFP Institut Français de Pondichéry
  • EVS UMR 5600 - ENVIRONNEMENT, VILLE, SOCIETE
  • ESO UMR 6590 Espaces et SOciétés
  • LAM UMR 5115 - LES AFRIQUES DANS LE MONDE
  • Département d’histoire Université de Toronto