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La bibliothèque et les archives de l’École française d’Extrême-Orient : de la constitution à la crise de la décolonisation (1898-1959)

 

Auteur : Capot, Cécile
Sous la direction de : Andrew David Hardy et Christine Nougaret
Université Paris sciences et lettres
Langue française Texte français

Mots clés : Histoire, Indochine, Bibliothèques, Archives, Patrimoine, Indochine, Colonisation, Décolonisation.

 

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Résumé
En 1898, le besoin des orientalistes français de se doter d’une bibliothèque et d’une institution relais en Asie afin de collecter et d’étudier in situ les sources aboutit à la création de la Mission archéologique permanente de l’Indochine. Rebaptisée École française d’Extrême-Orient (EFEO) en 1900 et rapidement installée à Hanoi, l’institution naît dans le contexte politique de la colonisation française et dans celui du renouvellement de la méthode scientifique. Le travail de l’EFEO, fondée et longtemps dirigée par le chartiste Louis Finot (1864-1935), puis la décolonisation, ont façonné de nouveaux paysages documentaires en Indochine et de nouveaux rapports à l’écrit. L’étude du rôle scientifique, social et politique de la bibliothèque, à diverses échelles et au bénéfice de divers acteurs, converge vers un constat : la bibliothèque est un outil de légitimité, que ce soit pour l’institution, ses agents, le pouvoir français et les jeunes États en formation. À travers l’étude de cas de la bibliothèque et des archives de l’EFEO, ces travaux conduisent ainsi à se demander comment la France gagne et essaie de maintenir sa légitimité politique et scientifique en Indochine. La première partie de la thèse se rapporte à la construction de l’EFEO et de la bibliothèque. Elle se penche sur les logiques de constitution des collections et les stratégies mises en place pour y parvenir. Elle traite de la place et de la vocation de l’École dans l’environnement administratif, culturel et scientifique en Indochine, ainsi que de sa place dans la ville d’Hanoi et dans la société coloniale. Après la conquête militaire, l’EFEO, organe de l’administration, s’inscrit dans une politique de conquête des populations qui passe par la culture, l’éducation et la science. Au sein de cette politique de consolidation du nouveau pouvoir, l’institution n’est pas qu’un outil de l’administration : elle fait, elle aussi, de la politique, dans son domaine d’activité, la science, et la quête des documents sert un certain pouvoir. La seconde partie propose une vue de la bibliothèque et des archives de l’intérieur, en examinant son administration - de ses acteurs (personnel et usagers) à la gestion des documents. Elle rend compte du travail intellectuel réalisé à la bibliothèque, des relations (non uniquement verticales) entre les chercheurs et les agents asiatiques, auxiliaires de ces derniers. Cette partie pose aussi la question du rapport aux documents bibliographiques et aux archives, pour les chercheurs, l’institution et le public extérieur. La troisième partie se penche sur la gestion de la bibliothèque et des archives en temps de crise et met en relief les enjeux politiques et diplomatiques qui s’attachent aux documents en période de turbulences. Durant les temps troublés que traverse l’EFEO, de la fin de la Seconde Guerre mondiale en Indochine à son départ définitif d’Hanoi en 1959, les collections se muent en patrimoine. Elles revêtent un enjeu identitaire pour les territoires en quête d’indépendance. Du côté français, le maintien de la bibliothèque permet celui de l’institution et donc celui des tractations politiques. Si les collections sont plusieurs fois disputées et manifestent la rupture entre la France et le Vietnam, elles sont aussi source de continuité. Elles symbolisent une permanence institutionnelle, notamment à l’arrivée du siège à Paris où certaines d’entre elles sont rapatriées, ainsi que la possibilité d’une perpétuation scientifique au Vietnam, où une partie de la bibliothèque est transférée et où demeurent ses anciens bibliothécaires. Des remises en perspectives bibliothéconomiques et archivistiques traversent enfin toute la thèse. Qu’apporte à l’histoire des bibliothèques et des archives l’étude de l’EFEO, institution éloignée de la métropole, où se formalisent les pratiques professionnelles et dont le cœur de métier est la recherche ? Quel rôle a-t-elle joué dans la diffusion de ces techniques professionnelles en Indochine ?