Les conditions de la marche à pied dans les déplacements des habitants de Hà Nội et leur prise en compte dans le projet d’urbanisme
Auteur : Nguyen, Mai Hue
Sous la direction de : Jean-Paul Hubert et Sylvie Fanchette
Université Gustave Eiffel
Texte français
Mots clés : Urbanisme et Aménagement, Vietnam, Civilisation urbaine, Modernité, Espace piéton, Espace public, Trottoir, La marche à pied à Hanoï, Vie urbaine.
Résumé
Hanoi, ville millénaire bâtie entre les eaux du fleuve Rouge est aujourd’hui une métropole en plein essor traversée par de nouvelles dynamiques liées à son intégration aux réseaux de la mondialisation. À partir de la fin des années 1980, d’importantes réformes économiques (Doi Moi) sont engagées par le parti communiste vietnamien qui, depuis 1975, est la seule force politique du pays. Alors que l’urbanisation est un des plus importants vecteurs de l’intégration du Vietnam à l’économie de marché, les pouvoirs publics doivent faire face à de nouvelles problématiques sociales et environnementales. Ces enjeux sont accentués par la vigueur de la démographie (plus de 8,0 millions d’habitants en 2019) et par le fait que la planification urbaine apparaît en décalage avec la croissance démographique. La fabrique de la ville est le fait de l’État mais ce dernier fait de plus en plus intervenir le secteur privé dont les objectifs de rentabilité à court terme questionnent la durabilité des options urbaines retenues. Les particuliers occupent également une place majeure dans la construction de la ville informelle dont le contrôle échappe aux autorités. Après avoir identifié les limites et les externalités négatives liées à l’urbanisation de la ville de Hanoi, cette thèse propose de s’intéresser plus précisément aux mobilités intra-urbaines de la capitale et plus particulièrement à la marche à pied. À partir des années 2000, de nombreux citadins ont fait l’acquisition de véhicules motorisés, au premier rang desquels on peut citer la moto (en général inférieure à 125 cm3). Ces engins, outre le fait qu’ils sont responsables de 70 % des émissions de gaz à effet de serre dans la capitale, sont devenus omniprésents dans la vie quotidienne des citadins (plus 5,7 millions de motos pour 8,0 millions d’habitants). L’absence de politique urbaine en faveur des déplacements doux et les modalités de fonctionnement de l’économie politique urbaine vietnamienne empreinte de clientélisme et d’« arrangements » de diverses natures rendent difficiles la mise en place de politiques urbaines durable de promotion de la marche à pied. Cette thèse, pensée comme un outil d’aide à la décision en faveur de l’édification d’une ville durable, vise à identifier les difficultés techniques (urbaines, politiques, administratives, sociales, etc.) et autres obstacles auxquels sont confrontés les acteurs de la fabrique urbaine. Elle a répondu à trois aspects des espaces publics de la ville de Hanoi. Premièrement, la dégradation d’espaces piétons est liée à la croissance urbaine à Hanoi depuis Doi Moi et la fabrication d’une ville qui favorise les véhicules motorisés. Deuxièmement, les autorités cherchent plutôt à présenter une image d’espace piéton d’une ville civilisé et moderne au rang métropole international qu’à améliorer la condition de la marche. Enfin, cette thèse explique également le système d’arrangement entre tous les acteurs de la ville pour partager les profits de l’espace public.